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  • Photo du rédacteurKatell Magazine

La petite histoire // Le talon du pouvoir

Ce trimestre Laëtitia nous raconte l’histoire du talon. Inventé pour aider le pied à rester dans l’étrier, il sert à l’aristocratie pour asseoir sa supériorité avant d’être un moyen pour les working girls d’être à égalité avec les hommes. Détails.




La surélévation des chaussures existe depuis la Grèce antique. Elle se fait sur toute la longueur du pied, ce sont des plates-formes. Elles peuvent atteindre jusqu’à 50 cm de haut ! En Espagne on les nomme chopines, à Venise pianelle et au Japon geta.

Quand le talon arrive en Occident vers 1590, il va faire disparaître ces drôles de chaussures. Il vient des cavaliers du Proche-Orient qui le portent depuis des siècles. Il est inventé pour aider le pied à rester dans l’étrier.

Une belle jambe. Le talon asseoit une position sociale, il devient un élément de supériorité pour les hommes et les femmes de l’aristocratie. Il fait paraître plus grand, impose une stature. La jambe, symbole de virilité au temps de la monarchie, s’en trouve métamorphosée. Le talon permet de la mettre en valeur comme nullement auparavant. Ne dit-on pas « faire belle jambe » pour quelqu’un qui se pavane ? Si les robes et jupes ne permettent pas de voir les souliers des dames, le talon est pourtant bien présent. Il est toutefois quelque peu différent du talon masculin. Il est plus fin et confère une démarche plus qu’hésitante. La femme noble ne doit-elle pas être passive ? L’oisiveté étant le symbole même d’une noble naissance, la chaussure ne sert pas à se mouvoir mais à parader.

Au XVIIIè siècle les petits pieds féminins talonnés se montrent et font leur apparition sur les peintures. D’ailleurs c’est durant ce siècle, que le talon se fait presque exclusivement féminin. Pourtant à la Révolution, le talon disparaît... pour revenir vers 1830. Plus modeste dans sa forme, il va suivre les évolutions technologiques de son époque.

Au XIXè siècle la notion de confort commence à apparaître. Le talon est beaucoup décrié par les médecins et les scientifiques qui y voient l’origine de bien des maux, notamment du dos. Son port est déconseillé mais cela n’empêche pas les femmes de le porter.

Il faut dire que la chaussure féminine a acquis une sorte d’aura sexuelle et plus particulièrement la chaussure à talon. De par ses vêtements, la jambe féminine reste mystérieuse. Elle fait naître beaucoup de fantasmes. Le pied est alors la seule partie de la jambe susceptible d’être vue en dehors de l’intimité.

Avec le XXè siècle, à mesure que les robes s’écourtent, le talon gagne en hauteur et en finesse ainsi qu’en confort. Salvatore Ferragamo en 1937 réintroduit les chaussures à plates-formes, mode disparue depuis la fin du XVIIè siècle, mais cette fois-ci avec un confort indéniable. En 1947, Roger Vivier invente le talon aiguille pour Christian Dior. Il sera alors très décrié avec des qualificatifs tels « rongeur de moquette » ou « ravageur de trottoirs ».

Symbole de pouvoir. Le talon qu’importe sa forme se trouvera toujours critiqué parce qu’il est avant tout une entrave à la marche. Une femme en talons hauts est une femme qui ne peut se mouvoir à sa guise, elle est plus objet que femme active. Pourtant les working girls des années 80 en ont fait un symbole de leur réussite sociale. Porter des talons s’était se montrer à hauteur égale des hommes. La chaussure à talons a repris sa symbolique première : le pouvoir.



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