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  • Photo du rédacteurKatell Magazine

PB1 et le téléphone des étoiles

Soixante ans que cette sphère aux allures lunaires trône dans la lande de Pleumeur-Bodou. PB1 nous raconte l’histoire du fameux 11 juillet 1962.



" Ouh la la... ça fourmille ici, à la Cité des Télécoms. Ils préparent mon an- niversaire. Un programme digne d’un gala : un fest deiz, des lundis bulle, des soirées ciné à la belle étoile, un live drawing pro

jet.... et un show qui va plonger mes visiteurs en 1962. Année où tout à commencé. S’en rendent-ils compte, tous ceux qui viennent me voir, smartphone à la main ? Moi, c’est PB1, plus connu sous le nom de Radôme. Mon histoire débute un peu avant les années 60 quand les Russes lancent Spoutnik1. De son côté, la NASA met au point un projet pour établir une liaison entre deux stations éloignées. Pour cela, ils ont des partenaires en Europe : la France et l’Angleterre.


En France, c'est le CNET, centre national d’études des télécommunications, qui participe à l’aventure. Il est dirigé par Pierre Marzin, un lannionnais. Après plusieurs essais, les américains mettent au point un satellite, Telstar1, capable d’amplifier un signal reçu avant de l’émettre vers la Terre. Ce «téléphone des étoiles» doit être propulsé suffisamment loin de la terre pour que le temps de connexion, la «visibilité mutuelle», entre l’Amérique et l’Europe soit suffisant. Il ne fallait pas louper la fenêtre de connexion ! Deux stations terriennes vont alors voir le jour en Europe : à Goonhilly Downs, en Cornouailles et en France... à Plemeur-Bodou ! Je suis le frère jumeau du radôme installé à Andover, aux États Unis.


Je suis arivé par bateau. Pour m’accueillir, le chantier a commencé en octobre 1961... Les mauvaises langues rebaptiseront même le site Pleumeur-Gadoue à cause des conditions météo ! 8 000 m2 de terrassement, 4 000 m3 de béton, 276 tonnes d’acier, 10 tonnes de boulons, 120 km de câbles.... Dans les équipes anglo-franco-bre- tonnes, le « OK » fait son apparition ! En neuf mois, j’étais prêt ! Prêt pour la grande mission : capter, pour la première fois de l’histoire, des images en direct des États-Unis.

Tout le monde retient son souffle. Le 10 juillet, le satellite est lancé. Le 11 juillet, à 23h33, les Américains transmettent une première vidéo montrant le drapeau américain avec le radôme d’Andover. Va-t-elle arriver jusqu’à nous? Tous les regards sont braqués sur les écrans et les cadrans. Ici, j’ai détecté le satellite et sa position s’affiche. Les calculs se confirment, mon antenne-cornet est positionnée dans l’exacte di- rection du satellite. Autour de moi, toutes les équipes retiennent leur souffle... Puis, sur les moniteurs, l’image du signal test apparaît, puis celle de l’indien «mire américaine» et le son qui l’accompagne. Il est 23h47... des hourras éclatent de part et d’autre de l’Atlantique.


L'émotion est intense. J’ai vu quelques techniciens essuyer une larme du revers de leur manche. On a réussi ! La connexion a duré sept minutes. Les images reçues des États Unis sont enregistrées sur des bandes magnétiques et acheminées à Paris pour être diffusées dans la journée aux télespectateurs français. Nous venions de donner naissance à la Mondiovision. Que de souvenirs ! J’ai été en service jusqu’en 1985, classé monument historique en 2000. Mais je n’en reste pas moins toujours aussi surprenant ! ».

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