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  • Photo du rédacteurKatell Magazine

Amañ // Habitat inclusif : vers l’autonomie des adultes en situation de handicap


Gwitibunan.

En Breton : tous ensemble. Tous : les parents d’enfants en situation de handicap sans alternatives aux établissements spécialisés. Leur projet pour fin 2021 : créer un habitat inclusif pour donner de l’autonomie à leurs enfants devenus adultes. Et être acteurs de leurs destins en devenant sociétaires d’une SCIC, société coopérative d’intérêt collectif.


« On tient enfin une solution », souffle Alain Nourry de Loudéac. Son fils Alan, 27 ans, est autiste. « Il nécessite un accompagnement permanent. Il a besoin du groupe, même si la vie en communauté n’est pas simple pour lui et, en même temps, de moments de retrait. C’est compliqué à gérer ». Faute de solution, Alan vit aujourd’hui en hôpital psychiatrique. « C’est difficile pour des parents. Même si l’équipe s’occupe bien de lui, ce n’est pas sa place. L’hôpital n’est pas un lieu de vie ». Dans son parcours de parent, Alain rencontre Sylvain Bernu, ergothérapeute investi dans la création d’habitats inclusifs. Il dispose de deux logements attenants à sa propre maison. « Il a accueilli temporairement Alan, avec un accompagnement permanent. Il connaît nos problématiques et sait que ça fait des années que nous attendons des solutions ». De l’échange avec d’autres parents naît l’idée d’un projet collectif. « Nous sommes des parents, nous ne sommes pas entrepreneurs. Même si nous avons des idées, que nous savons qu’en nous regroupant nous pouvons optimiser l’accompagnement pour nos enfants, nous n’avons pas la ressource pour les concrétiser, nous ne savons pas par quoi commencer, nous n’y connaissons rien ».

Petits ensembles de logements. Syvlain Bernu qui a, entre autres, dirigé un établissement d’accueil temporaire pour adultes et enfants et un projet d’habitat regroupé

pour personnes handicapées moteur et autistes, a rejoint bénévolement le groupe de parents. « En leur apportant mon concours et mon expérience, je souhaite démontrer que nous pouvons créer des solutions pour les personnes dépendantes et que leur place n’est pas forcément en établissement. L’habitat inclusif, ce sont des petits ensembles de logements indépendants caractérisés par des espaces de vie individuels associés à des espaces partagés dans un environnement adapté et sécurisé ». Gwuitibunan comptera cinq ou six logements où polyhandicapés et autistes pourraient avoir une vie autonome tout en étant accompagnés « à la carte » en fonction de leurs besoins. Un soulagement pour Alain : «L’aide de Sylvain permet de structurer et de guider ce projet. Et, avec le concours supplémentaire de Patrice Hénaff de Rich’ESS, notamment sur la structuration juridique, nous nous sentons portés. Cela va au-delà des compétences professionnelles, il y a une relation humaine, c’est une vraie bouffée d’oxygène. On a une perspective ! ».

Le temps de la sérénité. L’association de préfiguration d’une coopérative est née en septembre. Les confinements et la crise sanitaire n’ont pas ralenti le projet. En quatre mois, le cabinet d’études et l’architecte sont choisis, un terrain est envisagé. Un premier appel de fonds aura lieu en décembre pour couvrir les premiers frais architecturaux et la création de la SCIC. « Nous serons tous sociétaires, explique Alain. Cela veut dire que nous serons acteurs de cette entreprise, que nous pourrons prendre des décisions, avoir la maîtrise du quotidien et de l’avenir de nos enfants ». Dans le projet, le sociétariat pourra aussi être ouvert aux enfants. Les logements sont programmés pour fin 2021. « Une temporalité qui nous donne de la visibilité et de la sérénité, poursuit-il. Nous sommes majoritairement des parents retraités, la prise en charge de nos enfants après nos disparitions nous questionne tous. Se dire que son enfant terminera ses jours en hôpital psychiatrique alors qu’il est capable de vivre autrement, c’est difficile. Avec Gwitibunan la perspective est toute autre ».

L’association compte aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents. « Suite à l’assemblée générale nous avons de nombreux appels de familles et d’associations intéressées par ce projet. Je voudrais que nous soyons des catalyseurs », explique Sylvain Bernu. Une vision à laquelle Alain souscrit : «Le but est de pouvoir partager notre expérience avec d’autres personnes. Le modèle que nous sommes en train de construire pourrait être dupliqué n’importe où et permettre à d’autres groupes de parents de gagner en réactivité ». Plusieurs communes ont déjà fait part de leur intérêt à accueillir ce type de projet sur leur territoire.


Patrice Hénaff,

directeur de Rich’ESS

et du TAg22

Innover,

c’est tirer partie des contraintes pour créer des solutions durables

tous ensemble

« Gwitibunan s’inspire des coopératives d’habitants pour offrir une solution à des personnes en situation de handicap à travers un collectif de parents. Ainsi, ils sécurisent l’avenir de leurs enfants : en étant propriétaires de leurs lieux de vie, en étant acteurs d’une démarche alternative à ce qu’ils connaissent, en incluant leurs enfants comme des citoyens classiques dans un projet local, au sein d’une commune, d’un village. Ils ont transformé leurs contraintes en atouts, ont effacé leurs solitudes dans la force d’un collectif en créant un modèle duplicable et vont, à leur tour, accompagner des familles en quête de solutions durables. L’habitat inclusif est au coeur des évolutions sociétales ».





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