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  • Photo du rédacteurKatell Magazine

« Une femme doit faire deux fois plus »



Marie Renault, 33 ans, est conductrice de travaux. Elle cogère Cardinal TP à Quessoy, une entreprise de travaux publics.Itinéraire d'une femme qui a fait sa place dans un milieu d'hommes.


Depuis septembre 2022, Marie a fondé, avec son compagnon Bastien, Cardinal TP. Une entreprise installée à Quessoy, spécialisée dans le terrassement, l'assainissement et la démolition. « Nous sommes cogérants et nous avons des missions bien définies. Je gère les transferts de machines, je conduis les camions et la partie administrative. Bastien, lui, s'occupe de la relation avec le client ». À 33 ans, Marie a déjà une solide expérience de conductrice de travaux. Avec deux BTS en poche, technico-commercial en bâtiment puis bâtiment, elle a géré une équipe pendant sept ans pour une entreprise spécialisée dans les travaux de grande envergure. « Des chantiers avec des machines énormes de 30 m de haut !».  Sept ans à travailler sur des sites différents, de Paris à Marseille, en passant par Bordeaux ou Genève. La jeune femme marche dans les pas de son grand-père et de son père. Le premier avait une entreprise de maçonnerie gros œuvre et le second était chef de chantier. «J'ai toujours aimé bricoler et travailler avec des hommes. L'avantage c'est qu'ils ne se tirent pas dans les pattes, il n'y a pas de jalousie ».


Capacités techniques et humaines

Conductrice de travaux, c'est « gérer un budget, du personnel et un planning ». Et elle reconnaît qu'elle a dû faire sa place. « Une femme doit faire deux fois plus pour montrer qu'elle est aussi capable qu'un homme. Surtout avec les hommes plus âgés qui avaient des doutes sur nos capacités techniques et humaines à gérer une équipe de "Vickings" ». Pourtant le côté féminin présente des atouts reconnus par les collègues hommes eux-mêmes. « Nous avons une façon différente d'appréhender les situations. On sait hausser le ton si c'est nécessaire mais on sait aussi discuter ». Marie explique que son métier s'apprend beaucoup sur le tas.


La force de l'échange

Quand elle a pris la direction d'une équipe à 22 ans, sa position était « de partir du principe qu'ils en savaient plus que moi ». Un échange qui évite les rapports de forces. Elle est aussi vigilante sur le bien-être des membres de son équipe. « S'il y en a un qui ne va pas bien, même si cela relève de la vie personnelle, on va le repérer plus vite qu'un collègue homme. Quand cela arrive, je vais discuter avec eux. Ils sont sensibles à ces attentions. Prendre soin d'eux est important pour la relation de travail. Ça l'était d'autant plus lorsque nous partions en déplacement. Nous vivions un peu comme une famille. Nous étions embarqués sur un projet que nous devions faire aboutir ensemble ». Pour autant, pas de copinage. « En tant que femme, j'étais attentive à ne pas tout mélanger. Des collègues hommes pouvaient retrouver leurs équipes pour boire un verre après le travail, ce que je me refusais de faire. Ce qui ne m'empêchait pas de leur offrir une bière le jour de mon anniversaire, ou lors de congrès auxquels nous participions. Il faut garder la bonne distance ».


Évolution de l'état d'esprit

Elle reconnaît qu'elle n'a jamais eu de mal à faire sa place, à se faire respecter. Et, qu'aujourd'hui, l'état d'esprit a un peu changé. « Quand j'ai débuté, nous étions sept ou huit femmes conductrices de travaux. Depuis, la profession s'est beaucoup féminisée. Il y a de plus en plus de femmes chauffeures de poids lourds. Les nouvelles générations ne font plus de remarques sur le fait qu'une femme soit au volant d'un camion ». Épanouie dans son métier, Marie évolue désormais en duo avec son conjoint. Couple dans l'entreprise et dans la vie, un équilibre à trouver : « Nous avons veillé à bien séparer nos domaines d'activité. L'évolution que nous souhaitons pour l'entreprise va aussi dans ce sens. Avec ma capacité transport, j'aimerais gérer de la logistique. Mais avant cela, il vaut développer l'activité et embaucher ».  Côté perso, « Nous avons tous les deux de forts caractères, mais aucun de nous n'est rancunier. Finalement, on arrive toujours à s'entendre. L'avantage d'être en duo sur les deux pans de notre vie, facilite notre organisation personnelle, si l'un de nous doit se libérer ou s'il faut s'occuper de notre enfant ». Là encore, une histoire d'équipe...


Marie-Laure RC

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